Co-président du cabinet Graduate Conseil, Hervé Estampes affiche un parcours hors du commun : ancien pilote de combat pendant la Guerre du Golfe, magistrat à la Cour des comptes, consultant, DG de l’Afpa (2012-2016), président d’une entreprise de logistique, il accompagne depuis 2019 les écoles privées, universités et CFA dans leur stratégie, mais aussi les entreprises dans le déploiement de leurs propres universités ou CFA internes. Il répond à nos questions sur la formation des salariés aujourd’hui et demain.

Dans votre expérience, les entreprises internalisent-elles davantage la formation aujourd’hui ?

Oui, absolument. Après la réforme de 2018 et la création de Qualiopi, on s’attendait à une baisse du nombre d’organismes de formation. En pratique, leur nombre a doublé. Mais aujourd’hui, beaucoup sont en train de disparaître. Et les entreprises se dotent de leurs propres structures.

Comment va évoluer le système de formation ?

Les nouvelles discussions entre partenaires sociaux pourraient apporter des nouveautés – un CDI professionnalisant avec moins de contraintes, ou un déplafonnement de l’âge de l’apprentissage, par exemple. L’alternance est une modalité qui plaît aux entreprises : il faudrait réduire les contraintes, permettre à davantage de salariés en poste d’y accéder, et aller vers une alternance tout au long de la vie.

L’IA a-t-elle déjà commencé à transformer la formation ?

Non, pas tant que cela. On voit l’IA à l’œuvre dans le recrutement, mais assez peu dans le domaine de la formation. Elle commence à être utilisée pour assister les politiques de mobilité interne, en facilitant le développement des référentiels de compétences. Des outils existent depuis longtemps en la matière, mais il s’agissait de processus longs et coûteux. L’IA générative a donné lieu à des solutions beaucoup plus accessibles, à la fois financièrement et techniquement.

Quel est selon vous l’avenir du métier de responsable formation ?

Il devra être en capacité d’assurer un minimum d’ingénierie pédagogique, pour combiner toutes les modalités existantes – mobile learning, micro-learning, métavers, etc. Parallèlement, il devra être assez affûté en matière d’ingénierie de certification, c’est-à-dire savoir jouer avec les micro-certifications, les blocs de compétences et les formations correspondantes pour construire des parcours optimaux. Idem pour l’ingénierie de financement : beaucoup de responsables formation ne se sont pas mis à jour depuis 2018, et sont un peu perdus avec les dispositifs de financement, qui sont encore nombreux, comme nous l’avons vu.

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