Comment préparer les ingénieurs et les managers de demain à naviguer dans un monde en constante transformation, où l’incertitude et la complexité ne sont plus l’exception mais la norme ? À l’occasion de son colloque annuel, la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi) a consacré, le jeudi 5 juin, une table ronde à la pédagogie de l’adaptation. Objectif : repenser les formations pour intégrer la complexité du monde contemporain dans les apprentissages.

Pourquoi former à l’incertitude ?

« Manager devient un métier compliqué, reconnaît Marie-Noëlle Chalaye, directrice de l’IAE de Brest – Bretagne INP. Nous sommes contestés dans nos écoles sur nos pratiques. La temporalité pose problème : la situation d’urgence, de crise devient la normalité, mais la nature elle ne change pas, son rythme est immuable. La complexité est liée à cette dissociation temporelle de l’humain qui n’a cessé de pouvoir aller de plus en plus vite. »

Elle évoque le philosophe Edgar Morin : « La complexité est liée au fait qu’on ne peut pas appliquer à l’humain des règles qui pourraient émaner de la science expérimentale »

L’incertitude se vit par l’action

Former à l’incertitude ne peut passer que par l’action : c’est avec cette conviction que Sire de Marc Ébodé et Véronique Le Courtois invitent une centaine d’étudiants chaque année à incarner des pompiers dans un bâtiment en feu ou des coordinateurs à distance. Leur mission ? Sauver toutes les personnes piégées dans le bâtiment, malgré une vision partielle de la situation… et un temps de plus en plus réduit.

Une posture enseignante bouleversée mais enrichie

Changer ses méthodes pédagogiques pour intégrer plus de mises en situation bouleverse profondément les habitudes des enseignants. Véronique Le Courtois l’admet : « C’est vraiment une remise en cause des sachants. Il n’est pas évident de leur dire “Tout ce que vous allez enseigner aux étudiants va être au service simplement de la résolution d’un problème, le plus proche de la réalité.” Mais il y a une satisfaction incroyable de l’enseignant qui se lance là-dedans, parce qu’il a un retour positif de la part des étudiants. La relation est tout autre. »

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