Quels vont être les temps forts de cette année en matière de #formation professionnelle ? Quid de la réforme de la formation ? Quel va être le rôle des professionnels RH sur le terrain ? Trois experts nous font part de leur ressenti.
« Cette année, les effets de la réforme vont jouer à plein et l’ensemble des acteurs (entreprises, organismes de formation, OPCA, responsable de formation…) vont devoir trouver leurs marques » affirme Aurélie Feld, directrice générale de l’organisme de formation CSP. Une mise en place qui risque de causer quelques dommages collatéraux : « Sur le fond, la réforme est intéressante. Reste que dans les faits sa mise en place bouleverse les compétences des acteurs clés » analyse Vincent Gérard, directeur de projet chez Litz Formation.Former autant… avec moins de ressources
Ceci posé, que va-t-il se passer concrètement ? Pour les entreprises, un travail de rationalisation s’impose. « Si les entreprises avaient jusqu’à présent une obligation fiscale et un budget réservé à la formation, elles envisagent aujourd’hui la formation comme une prestation qui s’achète comme tout autre service » explique Jérôme Lesage, Pdg et fondateur de l’entreprise Place de la Formation (photo), « Il y a donc tout un travail d’optimisation des achats de formation, longtemps disséminés au sein de l’entreprise, à réaliser. Enfin, et c’est un point de taille, si la formation devient un achat de service comme un autre, elle s’envisage comme un acte devant offrir un vrai retour sur investissement ».Des organismes amenés à disparaître ?
Des changements sont également à prévoir du côté des organismes de formation, qui « vont devoir répondre aux exigences des OPCA » note Aurélie Feld, « Une baisse de chiffre d’affaires est donc à craindre pour ceux qui proposent des formations en inter-entreprises. Par ailleurs, les formations proposées doivent désormais être éligibles au CPF, être inscrites au registre ou à l’inventaire, ce qui signifie des démarches administratives ».Davantage de compétences pour les OPCA
« Les OPCA vont devoir assumer deux autres fonctions qui sont d’évaluer et de contrôler la formation, ce qui risque d’être délicat car leurs fonds tendent à diminuer en raison de la baisse du taux de contribution de l’entreprise » poursuit Jérôme Lesage. Ils devront alors avoir une structure plus agile pour poursuivre leurs missions dans un contexte global de réduction des ressources. De nouvelles sources de revenu pourront être trouvées, par exemple en développant des activités de conseil auprès de leurs adhérents. « Cette nouvelle approche va transformer un certain nombre de métiers en interne car il leur faudra passer d’une logique « push » à la une logique de « pull » » ajoute Vincent Gérard.
Enfin, la plus grande maturité des clients vis à vis du #digital et du blended learning apparait comme une tendance lourde. Si les clients étaient jusqu’alors séduits par ces formules sans toujours en connaître les vrais atouts, ils sont aujourd’hui parfaitement familiarisés avec ces offres. De fait, la tendance est à la co-construction de dispositifs de formation avec le client. A certains égards, 2016 s’annonce comme l’année de la formation sur mesure.
Frédérique Guénot