À partir du double constat que l’opposition théorie/pratique ne produit pas d’effet de connaissance, mais qu’elle continue de structurer l’ordinaire des échanges relatifs à l’action, le présent texte s’interroge sur deux questions :
- Quel est le statut et quelle est la fonction sociale de la dichotomie théorie/pratique ? dans quelles conditions émerge-t’elle ?
- Peut-on explorer d’autres paradigmes pour rendre compte des transformations des activités et de leur conduite ?
Le statut et la fonction sociale de la dichotomie théorie/pratique
Une construction discursive
La dichotomie théorie/pratique est une construction discursive à laquelle sont associées des constructions mentales. Elle ne décrit pas, ni n’analyse des activités ; elle les qualifie.
Des contextes qui ont pour enjeu la détermination des positions_
Il est important dès lors de se questionner sur les contextes dans lesquels la dichotomie apparaît et ceux dans lesquels elle disparaît, en vue de déterminer sa fonction.
Une culture sociale de pensée
Elle investit le langage de l’action ordinaire mais aussi le langage savant quand celui-ci porte sur la conduite des actions de recherche ou des actions académiques. Selon les cas, elle constitue un passager invité ou un passager clandestin du langage de l’action.
Peut-on explorer d’autres paradigmes pour penser les transformations des activités et leur conduite ?
Valeurs et savoirs ne s’appliquent pas aux actions
Le postulat qui accompagne donc l’usage « ordinaire » et l’usage « savant » de la dichotomie est qu’il existe une hiérarchie de relations causales entre discours, représentations et action. En sciences sociales la théorie est censée « éclairer » la pratique
Par contre ils peuvent avoir une incidence sur les constructions de sens que les sujets opèrent autour de leurs actions et des transformations de leurs actions.
L’analyse des rapports entre activités de pensée relatives aux actions et actions qu’elles accompagnent laisse à penser par contre que les transformations affectant les représentations/discours constitutifs de ces activités de pensée ont une incidence directe sur les sens que les sujets/acteurs construisent autour de leurs actions et des transformations de leurs actions
Les constructions de sens : une association d’affects et de processus mentaux (Bion).
Les constructions de sens sont des phénomènes susceptibles de relever d’une approche holiste distinguant et articulant des aspects mentaux et des affects.
Émotions/reconstructions de sens et génération d’engagement des sujets dans la transformation de leurs actions
Un déplacement de paradigme (avec des épistémologies comme celles de Spinoza, Dewey, Nuttin) pourrait conduire à faire l’hypothèse que c’est l’apparition d’émotions/reconstructions de sens qui joue un rôle majeur dans la génération d’engagement des sujets/acteurs concernés dans des actions de transformation de leurs propres actions.