« La rentrée de septembre apporte son lot de réflexions plus ou moins objectives sur ces classes sans enseignants (« l’équivalent » de 2 500 professeurs » manquants selon la ministre de l’Éducation nationale Élisabeth Borne). Où sont-ils ? Ils existent, à condition de savoir les attirer durablement dans ce « métier passion ».
J’ai vécu ce recrutement décrié ; un entretien d’embauche de 15 minutes par un chef d’établissement. C’était à la fin des années 1980. On m’a donné une petite chance sans aucune garantie.
« Des étudiants qui, pour certains, ont mon âge »
Cette année-là, je sors de l’université avec un vague diplôme qui ne prédestine pas à l’enseignement. Dur apprentissage face à des étudiants de BTS qui, pour certains, ont mon âge et ont tenté médecine trois fois ! Aucune aide pédagogique, aucun manuel, aucune formation pédagogique. Puis c’est le chômage à la fin de l’année, non indemnisé, après avoir fait passer des oraux de droit à 80 km de mon domicile…
Les deux années qui suivent sont un peu meilleures, même si je dois faire 26 heures par semaine payées au Smic. Puis ce sera le licenciement « sec » suite au dépôt de bilan de l’école privée, une entreprise fragile, aux ressources insuffisantes, mais au projet ô combien novateur repris depuis par nos élites : l’école de la deuxième ou troisième chance.