Dépasser l’hégémonie du mental
Comme à chaque nouvelle avancée technologique l’espoir et la peur se dispute le terrain de l’illusion et du commentaire. Chat GPT est-elle une intelligence ?
Redéfinir l’intelligence
Il y a bien longtemps que la machine a montré ses capacités à gagner aux échecs. Mais est ce de l’intelligence ? Est-ce autre chose qu’une capacité à gérer de l’information ?
Les dernières avancés scientifiques en matière de neurophysiologie semblent indiquer que l’activité de pensée des hommes ne se résume pas à leur activité cognitive : on ne pense pas qu’avec sa tête. Le cerveau qu’on a toujours cru etre le siège de la pensée semble etre plutôt réduit à une fonction de gestion et de coordination des informations sensorielles produites par ailleurs dans le corps et notamment par le cerveau entérique.
Notre conception de l’intelligence nous fait privilégier la gestion de l’information sur la production de l’information. Toutes les démarches de développement personnel ou spirituel ont pointé du doigt ce déficit de conscience du siège de la production d’information en tentant d’amener les individus à dépasser l’hégémonie du mental et d’une conception de l’intelligence comme se résumant à l’activité cognitive.
Le problème de cet outil n’est pas tant qu’il est un concurrent à l’intelligence de l’homme. Il réside essentiellement en ce que sa complexité rend plus difficile la perception des biais qu’il produit. Difficile aussi d’avoir un regard distancié et critique sur ses productions.
Comme à chaque fois qu’une nouvelle technologie multiplie la puissance d’action, elle nous oblige à plus de conscience, plus d’éthique, plus de regard critique et à une vision à plus long terme des effets possibles. Ce qui nous a manqué dans la gestion des énergies fossiles.
Il en est de nos passions comme de l’eau et du feu : ce sont de bons serviteurs mais de mauvais maitres. Disait Roger L’Estrange. Au lieu de se laisser hypnotiser par le coté magique de cette nouvelle technologie il est plus urgent d’être consciemment attentif à ce qu’on en fait.