1.
Penser
RENFORCEMENT
neuronal

2.
Jouer la carte
de L’ATTRACTIVITÉ
et de la QUALITÉ

3.
apprendre
les UNS des AUTRES.

4.
Atteindre
le NIVEAU SUPÉRIEUR

5.
développer
l’INDIVIDUALISATION
COLLECTIVE

6.
ANTICIPEZ,
demain est déjà là !

3 livres-blancs
sur le
BLENDED-LEARNING

CONCLUSION

Starring : Yann COIRAULT | Responsable de l’innovation pédagogique au CSP

Blended Learning : starisé et déjà dépassé ?

Mélangé il en restera bien quelque chose. Un petit test d’auto-évaluation en amont, un bon morceau de module e-learning pour se mettre à niveau, un zeste de présentiel pour mettre en pratique, une pincée de travail collaboratif, une pointe de quiz final, un bon stock de documents online post formation et hop c’est prêt. La recette plait bien. Et tac je te raccourcis mon présentiel au passage et mon DAF est content. Tout ça pour ça ? Au-delà des gains financiers attendus, atteint-on (ding dong) l’efficacité pédagogique. Pourquoi, comment ?

Yann Coirault, le blended learning réinventé

Dossier réalisé sur la base de l’intervention de Yann Coirault, Pilote de l’innovation au CSP, lors des Learning Happy Hours.

Yann Coirault nous a construit une histoire du blended learning comme un dispositif qui se réinvente et progresse d’année en année. En fait, à y regarder de plus prêt, son exposé ringardise un peu plus la formation transmissive dont on connait les limites. Mais pointe également notre capacité à imaginer des scénarios complexes au service de l’apprenance.

Dans les années 50, une méthode faisait fureur pour apprendre les langues : le disque vinyle. Chaque époque s’appuie sur les technologies du moment pour innover en formation et mixer les approches pédagogiques comme les fameux laboratoires de langues.

Puis est arrivé l’enseignement assisté par ordinateur. Bref, la roue de l’innovation tourne et explore. Les choses ont évolué depuis, mais on voit bien par cet exemple que la formation est de plus en plus multimodale.

Et si on pouvait mettre une première définition au blended-learning. Ce serait une formation multimodale ou hybride. La difficulté étant d’articuler les différentes modalités entre elles pour éviter l’effet patchwork et construire un véritable parcours avec sa progression pédagogique. On est proche de la FOAD (Formation Ouverte et/ou à Distance) telle que l’a défini le collectif de Chasseneuil au début des années 2000.

Depuis 2012, le Blended Learning monte en puissance – moins en France toutefois (23% des salariés ont suivi des formations de ce type, mêlant diverses modalités) que dans les autres pays étudiés (moyenne : 37%). Mais les chiffres ne veulent rien dire.

QUELS SONT LES ÉLÉMENTS CLÉS
POUR RÉUSSIR LE BLENDED-LEARNING ?

1.
Penser RENFORCEMENT
neuronal

D’un point de vue pédagogique, il permet un renforcement des apprentissages grâce à des rappels dans la durée. C’est simple, explique Yann Coirault, si on ne fait que de l’empilage à distance sans penser répétition, cela ne marche pas. Donc dans la construction pédagogique, il faut penser la répétition. Pour asseoir sa réflexion, l’expert présente une formation réalisée auprès d’Alstom transport dans le nord de la France où il a été possible de mesurer les bénéfices d’acquisition des connaissances.

Nadia Medjad, spécialiste des neurosciences, complète la réflexion sur l’importance du temps long pour augmenter les traces neuronales dans les apprentissages. En effet, une longue période d’apprentissages et d’entraînement crée un plus grand nombre de traces neuronales. Ainsi, explique t’elle l’un des moyens d’augmenter ces traces est de réviser à partir d’une feuille blanche en inscrivant ce que l’on a retenu.D’un point de vue pédagogique, il permet un renforcement des apprentissages grâce à des rappels dans la durée.

C’est simple, explique Yann Coirault, si on fait que de l’empilage à distance sans penser répétition, cela ne marche pas. Donc dans la construction pédagogique, il faut penser la répétition.

Pour asseoir sa réflexion, l’expert présente une formation réalisé auprès d’Alstom transport dans le nord de France où il a été possible de mesurer les bénéfices d’acquisition des connaissances.

2.
Jouer la carte de l’ATTRACTIVITÉ
et de la QUALITÉ

A la belle époque du e-learning, la forme s’imposait au fond.

Il suffisait d’une mascotte, d’un peu d’animation -et le tour était joué. Sauf qu’à l’usage, cela ne fonctionnait pas : trop long, pas le temps, compliqué. L’utilisateur se sentait perdu et seul. Il faut vraiment penser le dispositif dans son ensemble avec des allers-retours entre activité et support de cours.

Pour autant, aujourd’hui, il n’y a pas d’abécédaire pour construire des dispositifs efficaces… de rapid learning. On fait de la multi modalité au feeling. Il n’y a pas de méthode formalisée insiste Yann Coirault. En fait, plus vous aurez des modalités pédagogiques associées, plus vous aurez de chances de répondre aux attentes de l’utilisateur. Cela exige de faire des liens et de créer du lien entre présentiel et distanciel.

En fait, c’est assez simple à comprendre. Avec internet, nous avons appris à nous synchroniser dans le temps et l’espace. Cela est d’autant plus vrai depuis l’arrivée des appareils mobiles. La synchronisation des données va de pair avec un continuum d’actions, même si celles-ci sont fragmentées dans le temps.

Le tryptique unité de temps, de lieu et d’action existe toujours mais sous une forme réinventée.

Le théâtre de la formation se conçoit désormais dans un espace en expansion et découpé en plusieurs épisodes. A l’utilisateur de raccrocher les morceaux pour avoir au final un ensemble cohérent et synchronisé.

La difficulté est d’inventer autre chose. De dépasser l’effet diligence. 

L’introduction des technologies pose toujours la question de la pertinence de leur introduction. Le risque étant de plaquer des outils nouveaux pour pratiquer à l’ancienne.

A ce sujet Jacques Perriault (Paris X Nanterre, CRIS/SERIES), parle de l’effet diligence :

Les premiers wagons ressemblaient à des diligences et les premières automobiles, à des voitures à cheval. Le risque est d’utiliser des outils nouveaux avec des protocoles anciens.”

Jean-Paul Moiraud propose sur son blog un post sur l’effet diligence
une vidéo très parlante à ce sujet

Yann Coirault critique ainsi à juste titre les mooc qui proposent pour la majorité d’entre eux des modalités pédagogiques pauvres. En effet, un MOOC se limite souvent à un ensemble de vidéo et de quelques quizz. Ce qui n’est pas étonnant… L’université n’a pas intégré les logiques de blended learning. C’est une transposition améliorée — parce que plus court — du cours d’université. Pour autant il serait dangereux de jeter le bébé avec l’eau du bain. Les MOOC peuvent être très interactifs. D’ailleurs apparaissent déjà des MOOC de seconde génération qui s’appuient sur la gamification et des pratiques collaboratives.

Il convient avant tout de se mettre dans la peau de l’utilisateur final en lui simplifiant la vie et en lui proposant de multiples activités. Ce qui est vrai à distance l’est également en face à face. Par exemple, un outil comme Padlet est très intéressant. Il ne nécessite pas de mot de passe pour y accéder et c’est un bon moyen de poursuivre et approfondir à distance/présence un travail entamé sur post-it. Ou encore, etherpad, traitement de texte collaboratif, avec synchronisation visuelle immédiate. A chaque utilisateur est assigné une couleur favorisant et valorisant les contributions croisées.

3.
Apprendre les UNS des AUTRES

“On apprend toujours seul mais jamais sans les autres.”

Tout le monde se retrouve autour de cette citation de Philippe Carré. Comme l’explique Frédéric Domon, un des pionniers du « Social Learning » en France :

« Le social Learning, c’est tout simplement apprendre avec les autres et grâce aux autres. Il s’agit d’un apprentissage naturel, omniprésent, un apprentissage de collaboration. »

Pour autant le social learning est difficile à mettre en oeuvre au travers d’espaces collaboratifs ou dans le réseau social de l’entreprise. Pourquoi ?

Pour Yann Coirault, la raison est très simple :

s’il n’existe pas déjà une culture collaborative dans le réel, ce n’est pas un outil 2.0 qui va inciter spontanément les gens à collaborer.
Frederic-Domonhttps://www.educadis.fr/

En quelques sortes, l’usage et le management précèdent la technologie. Pour autant ce serait dommage de ne pas construire des scénarios favorisant les apprentissages collaboratifs…
Les conférences de Marcel Lebrun, professeur en technologies éducatives à l’UCL, Conseiller et agitateur techno-pédagogique, présentent des modèles d’une redoutable efficacité.

Conférence de Marcel Lebrun lors de Clair2015
voir l’ éducation autrement

Autre clé d’entrée : Albert Bandura,
psychologue canadien connu pour sa théorie de l’apprentissage social et son concept d’auto-efficacité. Pour lui, l’apprentissage social repose sur trois piliers :

  • L’expérience vicariante ou l’expérience indirecte consiste en un apprentissage qui repose sur le phénomène des comparaisons sociales, c’est-à-dire sur l’observation.
  • L’expérience active de maîtrise est une des sources les plus influentes sur la croyance en l’efficacité personnelle car elle est fondée sur la maîtrise personnelle des tâches à effectuer.
  • Les états physiologiques et émotionnels jouent un rôle dans le sentiment d’efficacité personnelle.

Bref, collaborer et apprendre en groupe n’est pas naturel. La réussite nécessite la mise en place d’un outil simple d’accès et d’usage permettant de poser des questions à des cercles restreints (cercle de confiance et communauté de pratiques).

Dans ces espaces, il faut qu’il s’y passe quelque chose. D’où ‘importance de l’ancrage communautaire.

On pourra également s’appuyer sur le modèle 70/20/10 dont la décomposition est :

  • les salariés acquièrent 70% de leurs compétences « en faisant »,
  • 20% dans des échanges avec leurs pairs ou leur manager
  • et 10% grâce à la formation traditionnelle…

Bref, le social learning nécessite une motivation forte de la part de l’utilisateur pour être contributeur et/ou participant :

  • Quel est l’avantage de participer ?
  • Qu’est ce que j’y gagne ?
  • Vis à vis de l’entreprise ?
  • Vis à vis des pairs ?

Pour aller plus loin, la coopération en 28 mots clés de Jean-Michel Cornu donne une explication à une attitude parfois contre intuitive. En effet, la coopération utilise une approche différente de celle de l’altruisme : elle cherche les conditions qui vont faire converger l’intérêt individuel et l’intérêt collectif.

 

image_bf_image28facettes

4.
Atteindre le
NIVEAU SUPÉRIEUR

L’utilisation du digital implique une gamification des dispositifs pour relancer l’implication dans la formation.

S’il y a certification (valorisation) souvent les gens y vont. Mais cela ne suffit pas. Le bloggueur Jon Radoff a recensé 43 éléments qui apportent du fun dans son livre “Game on”.

Yann Coirault raconte son expérience avec la startup 2spark learning.

Le principe est simple : chaque jour, une question. Elles sont envoyées suite à une formation présentielle (petits ateliers de 3 heures). Il n’y a pas de relance mail. Mais plus le candidat se connecte, plus il gagne des points. Plus il répond juste, plus il gagne des points.
Si la personne ne répond pas correctement, la question est relancée quelques jours plus tard. Ensuite, les points sont transformés en cadeaux…

Aucune obligation, mais un taux de participation de plus de 80%.

Témoignage du PDG

5.
Développer
l’INDIVIDUALISATION
COLLECTIVE

La difficulté de l’individualisation dans la formation à distance, c’est qu’elle nécessite de s’adapter au style d’apprentissage de chaque apprenant.

Yann Coirault conseille de s’appuyer sur le style d’apprentissage de Kolb pour définir les profils préférentiels de chacun et des groupes associés..

David Kolb a étudié l’apprentissage et a remarqué que toute personne qui se trouve en situation d’apprentissage passe par un cycle de quatre phases. Selon ce dernier les styles d’apprentissage peuvent être perçus selon deux continuums allant de concret à abstrait et d’actif à réflectif. Kolb considère qu’il est préférable d’apprendre selon un cycle permettant d’expérimenter les quatre modes d’apprentissage afin de bien comprendre un sujet. Cependant, il a également observé que chaque personne préfère en général une phase de ce cycle. Voici les 4 phases :

  • Expérience concrète d’une action/idée.
  • Observation de façon réfléchie et attentive.
  • Conceptualisation abstraite et théorique.
  • Mise en application de l’idée/action en fonction de l’expérience initiale.

kolb1

Cette approche n’empêche pas les approches collaboratives en petit ou en grand groupe.
Le blended learning baigne en plein oxymore et peut viser le paradoxe suivant : l’individualisation collective de la formation.

La réussite de ces démarches nécessite de multiplier les modalités pédagogiques afin de répondre aux différentes attentes et forme d’intelligence… que le CSP nomme Rich learning. On peut citer les classes virtuelles, le présentiel enrichi, les communautés d’apprentissages, les parcours tutorés, le micro-learning

En parallèle, il est intéressant de mettre en place une logique de skill gap. Le principe est de mesurer le développement de chaque personne et de définir quels sont ses besoins à développer. Pour exemple, une enquête permet d’interroger une population de manager permettant de définir les besoins et attentes. Ensuite, les parcours s’organise à la carte.

6.
ANTICIPEZ,
demain est déjà là !

Le connectivisme.

Yann Coirault fait partie de ces passionnés qui recherchent en permanence les nouvelles tendances qui vont transformer en profondeur le monde de la formation.

Pas étonnant qu’il termine sa présentation sur le connectivisme. Cette “théorie” pédagogique, décriée par nombre d’universitaire, est un concept développé par Georges Siemens et Stephen Downes qui proposent de revisiter la question de l’apprentissage à l’ère numérique. Dans cet esprit, cette nouvelle théorie dépasse toutes les précédentes.

Brièvement, avec les réseaux, nous apprenons en étant connecté à des noeuds d’information. Ces noeuds sont des bases de données, des réseaux sociaux (logique de communautés) qui nous permettent de construire, déconstruire, reconstruire les savoirs.

Nous avions abordé ce concept avec Christophe Jeunesse . Et la mise en perspective que donne Yann Coirault est intéressante. Les tendances qui émergent actuellement sont à relier avec cette nouvelle façon d’apprendre et à inter-relier.

adaptative learning

C’est la grande promesse du numérique dans un monde de l’éducation en pleine mutation : proposer un apprentissage réellement personnalisé s’adaptant aux besoins et au rythme de progression de chaque élève. De l’enseignement sur-mesure que les Américains, jamais à court de mots pour incarner de nouveaux concepts, ont baptisé adaptive learning (l’apprentissage adaptatif, en français).

logo-liberation-311x113EducLever Le savoir à la carte

learning stacks (horizon 2 ans) :

le principe est de faciliter l’organisation des informations en fonction de la navigation dans les réseaux sociaux. Cet élément est constitutif des environnements personnels d’apprentissage. Il permet de construire des parcours en fonction des apprentissages réalisés en amont. A rapprocher du big data et des learning analytics.

affective computing (horizon 5 à 10 ans) :

cela permet de mesurer le niveau émotionnel de l’apprenant. A rapprocher des objets connectés et du développement des neurosciences.

Gartner Hype cycle 2014

hype-cycle-2014

3 livres blancs
sur le
BLENDED-LEARNING

360learning

CSP et Fefaur

Il&DI

Conclusion

Enrichir la présence en Blended learning

Le retour du présentiel : la formation présentielle doit présenter une forte valeur ajoutée. Pour Yann Coirault, il faut donner du sens à la présence par sa théâtralisation ou même son érotisation. D’une certaine manière la présence va devenir un produit de luxe.

De conclure :

le blended learning en est à ses débuts. Nous commençons à inventer des dispositifs complexes en intégrant individualisation et social learning, en explorant la puissance des algorithmes associée à la richesse des interactions sociales.