Quelle que soit la qualité d’un dispositif de formation déployé, en bout de chaîne, on trouve toujours l’apprenant… et son cerveau. Et cette belle mécanique, aussi performante soit-elle, a besoin de temps pour apprendre.
Pour ne pas jouer à un jeu de dupe avec les temps d’apprentissage, mieux vaut connaître le fonctionnement de notre cerveau.
Prendre son temps pour ne pas le perdre
🔷 Le temps de la compréhension
La première étape de l’apprentissage est la compréhension. Il ne suffit pas d’être clair et didactique pour que l’information soit comprise. Il faut qu’elle soit analysée, découpée en notions élémentaires, et rattachée aux connaissances déjà acquises pour qu’elle prenne tout son sens. Ce processus doit être non seulement sollicité, mais également accompagné. Par exemple :
- en avez-vous déjà entendu parlé ?
- qu’avez-vous compris ?
- êtes-vous d’accord ?
Ces quelques questions permettent d’enclencher le mécanisme d’analyse qui permet de dépasser le “sentiment de compréhension”. Cette analyse prend bien sûr du temps, mais ne pas le prendre, revient à peu près au même que parcourir un livre dans une langue inconnue, c’est-à-dire à rien.
En salle ou en classe virtuelle, c’est la responsabilité du formateur d’inciter à cette analyse. Il ne faut pas avoir peur de laisser aux apprenants le temps de lire ce qu’ils ont sous les yeux, ou de réécouter mentalement ce qui vient d’être dit. Ces quelques secondes de silence permettent de ne pas laisser filer l’information importante.
En auto-formation à distance, une micro-question à la suite de l’apport d’information oblige les apprenants à analyser ce qui vient d’être exposé. Cela peut également être proposé sous forme d’une consigne simple comme « prenez le temps de relire » (ou revoir) ce qui est affiché afin de vous assurer de bien le comprendre.
Il est important de solliciter régulièrement ce mécanisme d’écoute active afin qu’il devienne un réflexe.
Bien sûr, laisser le temps de comprendre en consomme, mais c’est le prix à payer pour ne pas parler dans le vide.
🔷 Le temps de l’appropriation
Comprendre c’est bien, mais s’approprier c’est mieux. Quelle est la différence entre les deux ?
L’appropriation consiste à faire « sienne » une information. C’est-à-dire l’intégrer à la somme des informations déjà connues, à lui trouver sa forme et sa place dans son environnement, sa culture, ses valeurs, sa propre représentation du monde.
Pour favoriser l’appropriation, voilà quelques questions utiles :
- à quoi cela vous fait-il penser ?
- que pourriez-vous ajouter en relation avec ce sujet ?
- pensez-vous que cela puisse vous être utile ? et pour quoi ?
L’appropriation est essentielle pour préparer la mémorisation, elle permet de se créer sa propre représentation de l’information nouvelle, de la relier aux précédents acquis, de manipuler mentalement les concepts qui la définissent.
En salle comme en ligne, cette phase « d’encodage » de l’information prend elle aussi du temps, il est cependant bien investi, car un bon encodage est la base d’une bonne mémorisation.
🔷 Le temps de la mémorisation
Plus j’apprends, plus j’oublie. Oui, si on laisse l’information fraîche s’envoler. Pour éviter qu’elle ne s’étiole et ne finisse par s’effacer au fil des jours, il est important de réactiver son souvenir de façon répétée et espacée dans le temps. Idéalement avec le tempo suivant :
- le même jour ;
- le lendemain ;
- une semaine après ;
- un mois après.
Cette répétition espacée permet de contrer la courbe de l’oubli et ancre durablement les souvenirs. Cela induit bien sûr de prévoir et d’organiser « l’après » formation afin de provoquer ces rappels.
Ces trois étapes : compréhension, appropriation et mémorisation durable prennent du temps, beaucoup de temps. Pourtant la tentation de « bourrer » un programme de formation par un maximum d’informations pour « gagner » du temps revient à peu près au même que vouloir remplir une bassine trouée. Tout le monde perd son temps.
Réussir à convaincre les commanditaires, les formateurs et les apprenants de prendre le temps d’apprendre, d’en apprendre moins si le temps est contraint, ou d’en prendre plus si le programme n’est pas réductible est un vrai challenge.
On peut aussi continuer à jouer à un jeu de dupe et laisser croire qu’on peut faire entrer plus d’un litre dans une bouteille d’un litre.
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