A l’heure où on nous promet un cerveau augmenté à l’IA, faisons un point sur nos capacités naturelles d’apprentissage.
L’état actuel des connaissances permet de comprendre les principaux mécanismes de l’attention, de la motivation et de la mémorisation. Petit tour de notre boîte crânienne.
3 mécanismes d’apprentissage naturels et performants
1. Notre cerveau : une mécanique très performante, et économe
Notre cerveau renferme presque 100 milliards de neurones, chacun muni de 10 000 synapses en moyenne. Ce réseau gigantesque de près de 1 million de milliard de connexions nerveuses, (toutes capables de fonctionner en même temps), surpasse n’importe quel supercalculateur dans à peine 1,4 kg (2% de notre poids).
Cette ultra-performance a un coût important : notre cerveau est capable de consommer à lui seul 20% de notre énergie. 3 fois plus que nos muscles lors de la montée du mont Ventoux à vélo !
Conscient de sa capacité à nous épuiser lors de sa sollicitation intense, notre cerveau a une parade : il possède deux systèmes de fonctionnement dont un très économe en énergie. Appelé très poétiquement « système 2 », le mode économe (le pilote automatique), nous permet de conduire sans avoir en permanence à penser aux pédales et aux vitesses, ou de prendre des décisions sans même y réfléchir (nos fameux biais cognitifs).
Quand nous forçons notre cerveau à fonctionner avec le « système 1 » (le mode énergivore), pendant une formation par exemple, et qu’il n’est pas possible pour lui de s’en échapper, il utilise une autre stratégie pour tenter de limiter sa gloutonnerie énergétique : il envoie des signaux pour nous forcer à ralentir. Cela peut être des pensées plus futiles pour tenter de se dérober à l’obligation d’attention, de la confusion pour nous inciter à passer à autre chose un moment, ou un petit coup de mou pour nous forcer à lâcher l’affaire.
En formation, plutôt que de laisser arriver sans s’en préoccuper ces moments fatidiques, il convient de les anticiper et de provoquer volontairement des ralentissements, des changements d’activités, des micro-pauses, toutes les 15-20 minutes.
2. L’attention et la motivation : comment la gagner, comment la garder
« Votre attention, s’il vous plaît !?! »
Hmm… quand on en arrive là, c’est qu’on a raté quelque chose.
L’attention, pour l’avoir, il faut en donner.
En formation en salle, porter attention aux participants, c’est être en éveil, être à l’écoute, et pas uniquement aux questions, mais surtout aux signaux faibles qui indiquent qu’il faut ralentir, revenir sur les notions déjà vues, sortir du monologue et donner la parole, mettre en action les participants plutôt que les maintenir passifs. C’est aussi leur parler, et ne pas réciter son cours, les interpeller, les questionner, obtenir leurs retours, leur perception de l’utilité de ce qui est exposé, entamer un dialogue constructif et ne pas chercher uniquement leur assentiment.
En digital-learning, porter attention aux participants c’est adopter une narration qui s’adresse à eux, qui les interroge, les interpelle, les implique dans le récit et le déroulement des leçons. L’exposé théorique est à proscrire autant que possible, il est bien plus utilement remplacé par des explorations actives, des expérimentations ouvertes aux essais/erreurs.
Porter attention, c’est s’adresser aux apprenants de façon directe plutôt qu’impersonnelle, et parier sur leur intelligence. En retour, on obtient leur attention.
Quant à la motivation, c’est une épreuve de chaque instant qui consiste à donner du sens à ce qui est appris, de démontrer son utilité, et pas qu’en théorie, mais surtout en pratique.
3. La mémoire : « vous pouvez répéter ? »
Notre mémoire est immense, quasi infinie, mais capricieuse. Elle exige qu’on lui facilite la vie, qu’on ne la presse pas et qu’on la sollicite ! Quelle Diva !
Pour tirer le maximum de notre mémoire, il faut respecter 3 principes.
- Lui donner un maximum d’informations.
Pour mettre de son côté toutes les chances qu’une information nouvelle soit mémorisée durablement, il faut la livrer avec moult détails, et la relier le plus possible aux informations déjà acquises durablement. Ancrer cette nouvelle venue avec un maximum d’attaches aux bases solides. - Ne pas la saturer.
« Poussez pas derrière ! ». Voilà ce que nous dit notre mémoire quand on tente de la remplir trop vite. Si cet avertissement n’est pas respecté, la sanction est sans appel : les informations fraîchement acquises seront jetées par dessus bord sans remord, pour faire de la place aux nouvelles. - L’obliger à se souvenir.
Notre mémoire n’est pas paresseuse, mais elle a besoin d’être régulièrement réactivée, surtout pour les informations fraîchement acquises. S’il n’est pas totalement inutile de répéter 3 fois la même chose, le plus important est de forcer notre mémoire à retrouver les informations récemment stockées. En posant des questions à leurs sujet, en demandant une reformulation, en obligeant à les utiliser… Idéalement, le jour même, le lendemain, une semaine et un mois après l’acquisition initiale.
Notre cerveau n’est plus totalement mystérieux, certains de ses mécanismes commencent à être compris, notamment ceux mobilisés en formation. S’y intéresser, les comprendre permet de revoir certaines de ses pratiques, et surtout de savoir préserver et utiliser durablement les facultés d’apprentissage des apprenants.
Pub : pour en savoir plus, la lecture du livre « NeuroLearning » est vivement conseillée :)
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