Dans quasiment tous les domaines, la confusion volontaire entre qualité et visibilité, réussite et conformité aux normes est de mise. On s’attache aux traces, aux étiquettes, et peu importe le contenu, l’invisible.

Produire des traces ou apprendre ?

La #formation en ligne a largement profité de la vogue des #MOOC : aux yeux d’un public large, elle a acquis la légitimité qui autrefois lui faisait défaut – elle a longtemps été considérée comme une version dégradée de l’enseignement en présence. Mais elle a également souffert de ce momentum. Selon un scénario déjà vu ailleurs, les « produits » numériques de formation se sont normalisés et les questions délicates autour des mécanismes d’#apprentissage ont été écartées. En témoigne par exemple la question de l’engagement. « Augmenter l’engagement » des participants à une formation en ligne, c’est les faire durer plus longtemps dans le parcours. Les encourager à produire plus de traces. Ce n’est certainement pas accroître qualitativement leur investissement dans l’apprentissage. Parce que cela, c’est difficile à mesurer, car ça ne laisse pas forcément de traces. Ou pas celles que l’on mesure.

On s’occupe de tout, et surtout de vous faire croire que vous avez appris !

Dans de nombreux cours en ligne, des MOOCs et des SPOCs en particulier, le discours est le même : vous n’avez même plus besoin de vous préoccuper d’apprendre, on s’occupe de tout. En d’autres termes, vous aurez vos badges ou votre certificat, votre barre de progression sera toute verte, vous serez félicité par votre chef. Nous vous avons préparé des petites blagues pour les jours où vous vous ennuierez, nous vous harcèlerons de mails en conservant néanmoins un ton convivial, tout est « fun » et « cool » chez nous !) si vous ne vous connectez pas à la plateforme. Les quiz seront faciles, vous aurez plusieurs essais. Nous savons comment il faut apprendre, alors laissez-vous faire.

La fécondité de l’invisible

Bien entendu, toutes les formations en ligne ne souffrent pas de ces défauts. Mais il est extrêmement difficile d’évaluer en amont, avant d’y être entré, la qualité d’un parcours de formation. Du moins, si l’on se réfère aux indicateurs habituels : nombre d’inscrits, nombre de badges, etc. (voir plus haut). Il faudrait pouvoir regarder autre chose, analyser des corpus complexes et non structurées plutôt que des chiffres, analyser le discours proposé dans les vidéos vs la production moyenne non-spécialisée sur le même sujet… Autant de voies que nous explorons chez MOOC et Cie, dont nous donnerons très prochainement des exemples.

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