Classes inversées (flipped classrooms). L’appellation (d’abord en anglais, plus tard en français) apparaît vers 2007 quand deux enseignants de chimie
[1], Jonathan Bergmann et Aaron Sams (dans l’équivalent de notre secondaire aux États-Unis), découvrent le potentiel pédagogique de vidéos (PowerPoint commentés, screencasts[2]…). Il s’agissait pour eux de motiver leurs élèves à préparer (à domicile ou sans la présence physique ou la supervision de l’enseignant) les leçons traditionnellement données en classe afin de les rendre plus interactives : « Lectures at home and homework in class » (les leçons à la maison, les devoirs en classe), le slogan était lancé[3]. Il ne s’agit pas de remplacer l’enseignant par une vidéo, mais d’utiliser des ressources de l’ère #numérique pour permettre à ce dernier de faire encore mieux son métier d’accompagnateur d’#apprentissage. Libérer ainsi du temps en présence, le temps de la transmission, permet aux enseignants de mieux se consacrer aux élèves en difficulté ou de différencier les apprentissages.
 ’air de rien, cette stratégie propose des perspectives d’évolution par rapport à l’enseignement traditionnel (le magistral, l’enseignement ex cathedra) et des pistes d’évolution acceptables et progressives pour les enseignants qui souhaitent se diriger, sans négliger la transmission des savoirs (les connaissances cristallisées), vers une formation davantage centrée sur l’apprenant, ses connaissances et ses compétences (les connaissances fluides). Ces classes inversées repositionnent et redéployent les espaces-temps de l’enseigner et de l’apprendre. Appliquant ici le principe de la cohérence pédagogique (entre objectifs, méthodes et outils), on relève que la stratégie des classes inversées est au confluent de trois courants[7] : les approches par compétences, les méthodes actives et un usage « à valeur ajoutée » des technologies de l’information et de la communication considérées à la fois comme outils et comme ressources.
 On peut imaginer (et bon nombre d’enseignants ont franchi ce pas) que ce sont les élèves ou les étudiants eux-mêmes, seuls ou en groupe, qui cherchent l’information ou les savoirs dans les contextes ou sur la toile internet, qui documentent et illustrent une thématique, qui préparent une présentation ou une activité. Une fois revenus en classe, eux aussi deviennent des enseignants en présentant à leurs condisciples les informations, les concepts qu’ils ont découverts à distance. Apprendre à apprendre toute la vie durant, c’est aussi apprendre à enseigner toute la vie durant. Cette vision étendue des classes inversées permet de mieux contextualiser les apprentissages, de leur donner du sens, en s’ancrant d’abord dans les perceptions quant aux savoirs. Elle permet à chaque apprenant, en fonction de ses compétences, de contribuer à cette construction cognitive.

En combinant ces deux démarches, on peut finalement dépasser la linéarité déterministe du « avant la classe / pendant la classe » pour considérer les événements sous la forme d’une spirale autour des trois phases successives de l’enseignement stratégique[8] (en alternant activités en présence et à distance ou encore travail individuel et en groupe).

Repéré depuis Projet » Classes inversées : fossilisation des pratiques ou innovation à l’ère numérique ?

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